Les Lames du Cardinal

Pour satisfaire à la demande de l’ambassadeur exceptionnel d’Espagne avec lequel il négocie un traité vital pour le royaume, le cardinal de Richelieu réactive ses fameuses lames, force spéciale composée des meilleurs bretteurs de France et tombée en disgrâce après leur échec durant le siège de La Rochelle.

Convoqué par le ministre de Louis XIII, le capitaine La Fargue se voit confier la mission de retrouver un aristocrate espagnol réfugié sous une fausse identité dans le royaume. La perspective de renouer avec les intrigues de Cour et la raison d’État ne réjouit guère le capitaine. Elle lui remet en mémoire les circonstances de la dissolution de sa compagnie. Une trahison suivie par la mort d’un compagnon. Mais, on ne refuse rien à son éminence, même si celle-ci cache de nombreuses informations, rendant ainsi la tâche de ses serviteurs plus compliquée.

De fil en aiguille, La Fargue découvre que l’objet de sa mission suscite les convoitises de spadassins déterminés, obéissant aux ordres de mystérieux et puissants commanditaires. Des individus appartenant à la Griffe noire, sinistre organisation œuvrant à établir le chaos en Europe.

Idéal entre deux lectures plus exigeantes, Les Lames du cardinal se révèle un divertissement troussé avec maîtrise et talent. L’intrigue relève à la fois du registre du roman de cape et d’épée et de la fantasy historique. Un hybride littéraire dont Pierre Pevel s’est fait le chantre comme en témoigne le « cycle de Wielstadt » et ses autres fantaisies steampunk.

En lecteur attentif de Dumas, l’auteur a bien retenu la leçon. S’il viole l’Histoire, c’est pour lui donner une progéniture textuelle honorable, malgré toutefois une trame quelque peu cousue de fil blanc.

En dépit de ce léger bémol, Les Lames du cardinal se lit, que dis-je, se dévore d’une traite. À titre personnel, je me suis fort distrait des aventures de La Fargue, des facéties de ses compagnons, du style fleuri des dialogues et des morceaux de bravoure dont l’auteur jalonne son récit.

Pierre Pevel connaît ses classiques. Son roman puise avec bonheur dans le patrimoine littéraire et cinématographique du genre. À la fois drôle et enjoué, il ne néglige pas pour autant sa documentation, même s’il se montre parfois un tantinet trop didactique, et nous livre une reconstitution historique vraisemblable du Paris du XVIIe siècle, mettant à contribution tous les sens, y compris l’odorat.

Au regard du travail accompli pour rendre l’atmosphère crédible du point de vue de l’Histoire, les éléments de nature plus magique – dragons et tutti quanti – paraissent superflus. À se demander si l’on ne pourrait pas s’en passer. Mais peut-être est-ce là le signe de leur parfaite intégration dans l’univers mis en place par Pierre Pevel.

Au final, Les Lames du cardinal tient toutes ses promesses. À mille lieues des lectures prise de tête et autres affèteries de la littérature qui pose, le roman suscite l’enthousiasme au point de réclamer une suite. Cela tombe bien, deux autres titres poursuivent l’aventure.

Les Lames du cardinal de Pierre Pevel – Éditions Bragelonne, réédition Folio SF, 2013

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