Sourcellerie

Retour à l’Université Invisible pour une intrigue centrée sur la vénérable institution, menacée ici par un péril dont les manifestations magiques risquent de surcroît d’entraîner l’Apocralypse (l’apocalypse apocryphe, bande d’ignares !). C’est l’occasion de retrouver Rincevent, désormais promu au poste d’assistant à la bibliothèque. En fait, le bougre se contente surtout de pourvoir au régime de son maître, des bananes essentiellement, tout en couvrant d’un regard inquiet les lourds volumes de magie et les opus majeurs mis à la chaîne pour préserver l’intégrité physique de leurs lecteurs.
À la veille de l’intronisation du nouvel archichancelier, l’Université frémit d’agitation tel un essaim de faux bourdons léthargiques. Pendant que le cuisinier prépare le repas spécial imaginé pour l’occasion, les mages peaufinent discours et compliments, fourbissant des sourires de circonstance. Mais derrière cette façade de respectabilité, ils se réjouissent surtout des agapes à venir, déjà prêts à se saouler comme des rustres, à chanter comme des braillards et à manger jusqu’à s’en faire péter l’œsophage. Tous ne voient pas s’amonceler les signes annonciateurs du désastre, des signaux de mauvais augures qui volent, rampent, sautillent ou chuintent vers la sortie. Tous sauf Rincevent qui prudemment opère un repli stratégique vers « Le Tambour rafistolé », la taverne à la réputation de bouge le plus chic d’Ankh-Morpok, où il a ses habitudes. Mais comme on dit, c’est en reculant pour mieux sauter l’obstacle que l’on trébuche dans le marigot, juste derrière.

« Mon père disait toujours que la mort, c’est pareil au sommeil. Oui, c’est ce que m’a dit le chapeau, répliqua Rincevent alors qu’ils tournaient dans une rue étroite, pleine de monde, entre des murs d’adobe blancs. Mais à mon avis, c’est beaucoup plus dur de se lever le matin. »

Rassuré par la tournure prise par le cycle avec Mortimer, mon enthousiasme se trouve conforté par ce cinquième volume des « Annales du Disque-monde », même si l’on se situe un bon cran en-dessous du précédent tome. On y retrouve avec plaisir Rincevent, le mage couard et calamiteux du début, renouant avec son addiction à la vie, une drogue dure à laquelle il s’accroche comme un tique à sa seringue (j’aime bien l’image).

L’intrigue se focalise sur l’Université Invisible, un panier de crabes où la concurrence semble uniquement tempérée par les intentions homicides des uns et des autres. L’arrivée d’un sourcelier, huitième fils d’un mage révoqué jadis, vient semer la zizanie dans les lieux, remettant en cause la Tradition, pour le plus grand plaisir des ambitieux. Mais cette magie brute, surpuissante et sauvage, risque bien de brûler les ailes nouvellement acquises, entraînant le monde à sa perte.

Pendant ce temps, il incombe à Rincevent de sauver le monde, une fois de plus. Avec Conina, il se trouve en bonne compagnie pour le faire. Fille de Cohen le barbare, la jeune fille rêvait de devenir coiffeuse. Mais l’hérédité lui a fait adopter la vie aventureuse de son géniteur. Voleuse plus prompte à étrangler le quidam qu’à l’embrasser, elle pousse Rincevent à déployer des trésors d’ingéniosité pour ne pas succomber à son charme fatal, à plus d’un titre. Tout deux embarquent dans un périple vers les contrées exotiques du Klatch, sous la conduite du chapeau de l’Archichancelier qui espère ainsi trouver un champion pour s’opposer au sourcelier. L’occasion pour Terry Pratchett de parodier l’univers des « Mille et Une Nuits » et d’accoucher du personnage de Creosote, un satrape vaguement poète et de Nijel le destructeur, un apprenti héros encore un peu vert.

Mélangeant le sarcasme et le nonsense, Sourcellerie enchaîne les rebondissements sans faiblir jusqu’à un bouquet final sans doute trop prévisible. L’humour révèle tout son sel – peut-être devrai-je parler de poil à gratter – dans les dialogues farfelus. Et si l’aspect parodique reste convaincant, il peine malheureusement à faire oublier une trame tirant un tantinet à la ligne, foutraque jusque dans ses digressions, même si le récit retombe sur ses pieds au terme d’un deus ex machina pratchettien.

Bref, si l’on s’amuse incontestablement à la lecture de Sourcellerie, on tique aussi souvent devant les péripéties inabouties, voire superflues. Rendez-vous avec Trois Soeurcières pour voir si les choses s’améliorent. Mon petit doigt me souffle oui !

SourcellerieSourcellerie « Les Annales du Disque-monde » (Sourcery, 1988) de Terry Pratchett – Éditions L’Atalante, 1995 (roman traduit de l’anglais par Patrick Couton)

Oussama

Parfois, on souhaiterait que la réalité ne rattrape pas la fiction. On voudrait que l’anticipation reste lettre morte. Peine perdue, la science-fiction reste un formidable outil de prospective, pour le meilleur comme pour le pire, hélas.

À l’instar de millions de jeunes musulmans, Oussama a reçu son prénom en l’honneur d’Ousama Ben Laden et des fils d’Oussama, organisation à l’origine de la fondation du second califat.
En effet, dans ce futur indéterminé, l’Umma réunifiée rassemble dans son giron pays arabes et Pakistan. Un Islam conquérant et rigoriste appelé à dominer le monde, les pétrodollars et l’arme atomique pourvoyant à son indépendance.
Reste à vaincre le Grand Satan incarné par l’Occident chrétien et surtout les États-Unis, l’hyperpuissance technologique combattant par drones et robots interposés.

Profitant de la frilosité des éditeurs américains, l’Hexagone découvre en avant-première le nouveau roman de Norman Spinrad. Dans cette dernière œuvre, l’auteur s’attaque de front, comme à son habitude, à un sujet d’actualité sensible : le terrorisme.

Si le roman adopte les apparences et procédés du thriller, du moins au début, l’action ne tarde pas à dévier pour se focaliser sur la personnalité d’Oussama. À la fois narrateur et acteur d’événements géopolitiques le dépassant, le jeune homme incarne cette entropie chère à l’auteur américain. Une entropie portée ici par une foi sincère, d’aucuns diraient naïve, chevillée au corps quelles que soient les déconvenues et trahisons jalonnant ce qu’il faut bien appeler son petit djihâd.
Un peu à son insu, Oussama devient le flambeau de la croisade islamique à lui tout seul. Réveillant le Madhi en lui, il s’impose comme un héros de l’Islam, siégeant aux côtés des Saladin, Oussama Ben Laden et autres champions du panthéon musulman.
Pour autant, Spinrad n’en fait pas un fou de Dieu inflexible, un stéréotype antipathique suscitant immédiatement l’aversion ou la haine. Loin du bad guy de circonstance, le jeune homme apparaît profondément humain, fragile, oscillant sans cesse entre doute et conviction. On se surprend même à ressentir un peu d’empathie.
De même, tous les musulmans ne sont pas représentés comme les agresseurs mais bien comme les victimes d’un jeu géopolitique entre califat et États-Unis, une partie dont ils ne sont que des pions. Spinrad prend ainsi à rebrousse-poils les automatismes institués dans les esprits par la rhétorique du choc des civilisations et de la guerre contre le terrorisme.

Et la science-fiction dans tout ça ? À mille lieues des space operas récréatifs, l’auteur américain use du genre comme d’un vecteur politique, une arme de réflexion massive, certes décalée dans le futur, où l’ironie se conjugue à la satire pour inciter à réfléchir et proposer une autre lecture de notre présent. Au passage, le lecteur accoutumé retrouvera sans doute avec plaisir quelques-uns des thèmes récurrents chez Norman Spinrad, de ceux abordés dans ses romans En Direct ou Le Printemps russe, l’optimisme jusqu’au boutiste du second en moins.

Réquisitoire sans pitié contre le terrorisme sous toutes ses formes et roman de science-fiction dans la plus politique acception du terme, Oussama démontre qu’à 70 ans, Norman Spinrad n’a rien perdu de sa lucidité ni de son ironie mordante.
Puisse Allah, ou je ne sais quoi, lui accorder encore quelques années supplémentaires d’écriture.

OussamaOussama (Osama the gun, 2007] de Norman Spinrad – Éditions Fayard, mai 2010, réédition J’ai lu (roman traduit de l’anglais [États-Unis] par Nikki Copper)

Dragon

Je ne compte plus les rendez-vous manqués avec Thomas Day. Women in Chains, Sept secondes pour devenir un aigle, avec un tel taux d’échec le lecteur lambda aurait sans doute passé son chemin, se disant qu’il existe beaucoup d’autres livres et que la vie est trop courte… Pourtant, je suis du genre têtu, surtout lorsque j’ai l’impression de passer à côté d’un auteur dont l’écriture semble sous-tendue par une véritable vision.

Paru au Bélial’, Dragon inaugure la toute nouvelle collection « Une Heure-Lumière » dédiée aux novellas. L’éditeur réaffirme ainsi son penchant pour la forme courte et pour un auteur qu’il a régulièrement publié, me procurant accessoirement l’opportunité d’une nouvelle tentative.
Si le synopsis de Dragon lorgne du côté du thriller, le texte n’usurpe pas sa place au sein d’une collection orientée vers la science-fiction. Quid de l’intrigue ?

Dans un futur indéterminé, Bangkok semble condamné à la submersion du fait des désordres climatiques. Ceci n’empêche toutefois pas les pédophiles occidentaux de venir profiter de la chair fraîche mise à disposition par des entrepreneurs peu scrupuleux. Malgré l’attitude ferme du nouveau gouvernement, la corruption règne en effet toujours en maître dans les rues de la capitale, les autorités préférant fermer les yeux sur ce trafic sordide, ou du moins se contenter d’en limiter les aspects les plus visibles et révoltants. Mais lorsqu’un tueur décide de faire justice de manière sanglante, transformant les prédateurs en proies, elles s’affolent et décident de le traquer. Il ne faudrait pas que les touristes désertent le pays du sourire…

Si l’on en croit Thomas Day, la genèse de Dragon a été longue et douloureuse. Longtemps resté en friche sur le disque dur de son ordinateur, le texte a évolué pour aboutir à un récit violent qui interpelle et donne à réfléchir, sans basculer pour autant dans le pamphlet. Thomas Day nous secoue dans nos certitudes, suscitant le dilemme par un questionnement moral affûté. La violence est-elle légitime pour mettre hors d’état de nuire un prédateur ? Ne devient-on pas soi-même un monstre en agissant ainsi ? Et pourrait-on laisser agir un serial-killer qui s’en prendrait uniquement aux pédophiles ? L’auteur se permet aussi d’interroger notre rapport à la sexualité, mettant en scène homosexualité et transsexualité, jusqu’à imaginer une nouvelle forme d’identité sexuelle, un absolu à destination d’une post-humanité encore en gestation.

Pour assurer la vraisemblance de son intrigue, il est allé chercher son décor sur le terrain, directement en Thaïlande, un pays dont il connaît bien les zones d’ombre. Ses descriptions de Bangkok et de la jungle apportent une touche de vraisemblance bienvenue qui facilite l’immersion. L’écriture visuelle, empruntée au cinéma, renforce cette impression. S’il revendique Cronenberg pour son inspiration, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Fincher, Bangkok me rappelant l’atmosphère délétère de la ville-cloaque de Seven. Cet attrait pour le cinéma se retrouve également dans la narration. Thomas Day adopte la méthode d’un réalisateur en salle de montage, ordonnant ses rushs pour recomposer l’histoire dans un désordre faisant davantage sens que le simple déroulement chronologique des faits. Un délicat exercice d’équilibriste, ici très réussi.

Avec Dragon, Thomas Day inaugure de fort belle manière la collection « Une Heure-Lumière », proposant un hybride de thriller et de fantastique fort convaincant.
Et en ce qui concerne « Une Heure-Lumière », affaire à suivre avec Nancy Kress, un autre rendez-vous manqué régulier de ce blog.

DragonDragon de Thomas Day – Éditions du Bélial’, collection « Une Heure-Lumière », janvier 2016.

Des Larmes sous la pluie

Il vient d’être réédité en poche, retour sur cet excellent roman de Rosa Montero dont vient de paraître une suite, toujours chez Métailié.

Comme des larmes sous la pluie…

Ainsi va la vie de Bruna Husky. Quatre ans, trois mois et vingt-neuf jours ; tel est le temps qu’il lui reste avant de mourir. Cruelle perspective réveillant dans son esprit des bouffées d’angoisse chaque matin. Avec un compte à rebours en guise d’avenir et un passé contrefait, encodé dans son cerveau par un mémoriste anonyme, Bruna a toutes les raisons du monde de s’abîmer dans la boisson et la dépression. Mais rien n’y fait, rien ne parvient à gommer la réalité. Bruna est un réplicant, autrement dit un androïde. Un humain artificiel haï par les humains naturels dont elle copie l’apparence à l’exception de la pupille de ses yeux, seul signe distinctif de son caractère techno-humain.

En ce début du XXIIe siècle, l’humanité ne semble pas en effet avoir renoncé à ses vieux démons. Après des décennies de catastrophes successives, des guerres et des génocides, l’unification politique du monde a ramené une paix précaire. Cependant, la ségrégation sociale règne, indemne, la paupérisation d’une partie de la population nourrissant toujours la même frange favorisée. Elle donne également de la substance aux discours extrémistes, alimentant une nouvelle guerre froide entre terrestres et mondes en orbite autour de la Terre. Et comme si cela ne suffisait pas, elle alimente un conflit larvé qui oppose le Mouvement Radical Réplicant, défendant l’égalité des droits, aux Suprématistes, partisans de l’éradication des techno-humains. Dans un climat de paranoïa générale, les problèmes patents, crise, réchauffement du climat, pauvreté endémique et exclusion dont sont victimes les bestioles, ces quelques rares extraterrestres vivant sur Terre, ne scandalisent pas grand monde.

Bruna Husky se sent loin, très loin de toute cette agitation, même si son métier lui en fait côtoyer les angles morts au quotidien. Plongée dans un spleen tenace, elle se sait sans passé ni avenir. Alors, elle boit un coup, parce que c’est dur, s’accrochant aux bribes du seul souvenir réel qui lui reste. Celui de son amant, Merlin, mort de la TTT (Tumeur Totale Techno). L’obsolescence programmée promise à chaque répliquant par leur créateur. Elle se rappelle les bons moments passés en sa compagnie. Un processus devenant de plus en plus difficile, car là aussi le temps n’épargne rien. Il efface les visages et arase les sensations. Il modifie aussi les réminiscences, magnifiant les sentiments et recomposant les scènes du passé en leur donnant une touche de fausseté. « Comme des larmes sous la pluie. Tout passerait et tout serait rapidement oublié. Même la souffrance. »

On pourrait intituler le roman de Rosa Montero « Blade Runner redux », tant le film de Ridley Scott imprègne ses pages. Une influence avouée jusque dans le titre, allusion au sublime monologue du réplicant Roy Batty.

« J’ai vu tant de choses que vous, humains, ne pourriez pas croire. De grands navires en feu surgissant de l’épaule d’Orion. J’ai vu des rayons fabuleux, des rayons C briller dans l’ombre de la porte de Tannhäuser. Tous ces moments se perdront dans l’oubli comme des larmes sous la pluie. Il est temps de mourir. »

Dans le roman de Rosa Montero, les androïdes ont obtenu des droits égaux aux hommes. Un statut acquis de longue lutte et encore contesté par les extrémistes humains. Un statut ne leur épargnant hélas pas la méfiance de la population et une discrimination rampante. Des Larmes sous la pluie ne relève pas de la SF spéculative, toute entière tournée vers la sidération. Rosa Montero sonde d’autres abîmes : ceux de l’âme humaine. A bien des égards, le livre de l’auteure espagnole lorgne du côté de la dystopie, même si son dénouement dévoile une lueur d’espoir, comme une amorce d’évolution positive. Difficile de ne pas voir dans ces États-Unis de la Terre un décalque de l’Union européenne. Il est aisé également de percevoir un écho de notre monde en crise. L’action se déroule d’ailleurs essentiellement à Madrid, à l’exception de quelques échappées historiques et géopolitiques dévoilées au cours d’intermèdes informatifs, non sans rapport avec l’intrigue.

Montero use des codes du roman noir. Bruna, détective solitaire et désabusée, ne se distingue pas tellement de ses devanciers, durs à cuire conscients qu’ils ne changeront pas le monde, mais satisfaits s’ils parviennent déjà à redresser un tort. Au fil de l’enquête, pendant que les cadavres s’amoncellent, elle aborde des thèmes plus essentiels. On retrouve cette question de la définition de l’humain, chère à Philip K. Dick, les plus humains n’étant pas forcément ici ceux que l’on croit. L’auteur s’interroge aussi sur la mémoire et la mortalité. Bien des sujets traités dans le mainstream nous dira-t-on à bon droit. Mais la SF ne se cantonne pas ici au seul aspect cosmétique. Elle n’est pas un artifice de l’ordre du décor. Elle offre l’opportunité de multiplier les possibles, permettant à Rosa Montero de souligner quelques travers de notre présent, tout en imaginant d’autres dérives, amusantes ou dramatiques.

Au final, malgré une intrigue un tantinet linéaire et classique, Des Larmes sous la pluie se révèle convaincant. Les amateurs de SF et de roman noir éprouveront sans doute une impression de déjà lu. Fort heureusement, ce reproche est vite oublié grâce à une atmosphère addictive à laquelle on succombe d’autant plus facilement qu’elle rappelle celle du film Blade Runner. Toutefois, loin de se limiter au simple hommage, Rosa Montero livre aussi quelques réflexions sociétales pertinentes. Bref, voici de quoi réconcilier les adeptes du mainstream avec les marottes des fans des mauvais genres. Inutile de dire qu’on recommande.

Des-larmes-sous-la-pluie-Rosa-MonteroDes Larmes sous la pluie (Lágrimas en la lluvia) de Rosa Montero – Éditions Métailié, janvier 2013 (roman traduit de l’espagnol par Myriam Chirousse)

Philip K. Dick goes to Hollywood

Honneur à la forme courte avec ce petit recueil offert pour l’achat de deux titres parus chez ActuSF. Dépêchez-vous, il n’y en aura pas pour tout le monde.

Léo Henry figure en bonne place dans mon panthéon personnel des auteurs français de l’Imaginaire. Aux côtés de Catherine Dufour, de Jérôme Noirez ou de Thierry Di Rollo, excusez du peu, il tient avec talent sa place, ne m’ayant que très peu déçu jusqu’à présent. Certes, j’apprécie beaucoup d’autres écrivains, mais aucun ne me procure autant de plaisir que ce quatuor dont je goûte chaque mot et phrase avec délectation.
Délaissons ces considérations intimes dont vous vous souciez comme de la dernière chemise d’un DRH d’Air France, pour revenir à Léo Henry. Découvert dans l’anthologie Retour sur l’Horizon, avec un texte pour lequel il a été primé si je ne m’abuse, le bonhomme n’a cessé depuis de s’engager dans des projets originaux et enthousiasmants. Les nouvelles par email, « Le Naurne », le cycle de Yirminadingrad semblent unis par l’envie d’écrire pour donner jour à un univers de fiction plus grand que la réalité telle qu’on la relate dans l’Histoire officielle. À l’instar de Paco Ignacio Taibo II, l’auteur français paraît ainsi vouloir composer une version hybride de la réalité et de l’Histoire, puisant son inspiration dans la littérature et le cinéma, culture populaire y comprise.

Philip K. Dick goes to Hollywood creuse ce sillon, Léo Henry laissant de surcroît libre cours à l’une de ses marottes, l’exercice de style référencé, volontiers parodique. En cinq nouvelles, il met ainsi en scène Philip K. Dick, les Beatles, Lemmy Kilmister, Bobby Fisher, Dziga Vertov, Jean Vigo et <alerte spoiler>le capitaine Haddock <fin de l’alerte spoiler>, redessinant l’histoire du cinéma, de la musique et de la bande dessinée.
« Philip K. Dick goes to Hollywood » évoque la lente élaboration de Blade Runner au cinéma. Raconté à la manière d’une correspondance dont on n’aurait que la part écrite par Dick, ce court texte s’amuse de la paranoïa de l’auteur et du délire mystique de la fin de sa vie. L’exercice s’adresse surtout aux connaisseurs qui ne resteront sans doute pas insensibles aux nombreux clins d’œil. Hélas, c’est sur ce point qu’il montre ses limites.
« Meet the Beätles » s’apparente à une sorte de récit rock, écrit à la manière de Please Kill me. On y découvre le devenir du groupe après la mort accidentelle de McCartney en 1967 et son remplacement par Lemmy Kilmister. Voici sans doute le premier point d’orgue du recueil. Un point d’orgue à la tonalité lourde et métallique, avec un clin d’œil au Maître du Haut-château en guise de bonus.
Extrait des nouvelles parues par email, « Les Règles de la nuit » s’adresse à un lectorat féru d’histoire du cinéma. Léo Henry évoque la genèse d’un film imaginaire par un auteur d’avant-garde bien réel. À réserver aux érudits.
Récit éminemment dickien, « F6 !! ou la Transfiguration de Bobby J. Fischer » nous projette littéralement dans la tête du célèbre champion d’échec Bobby Fisher, dont la vie ressemble à tous points de vue à celle d’un personnage de roman ou de film. Pas étonnant qu’il ait été rattrapé par la fiction, faisant l’objet de moult adaptations littéraires et cinématographiques, notamment ici celle de Léo Henry. Cette variation autour du bonhomme apparaît comme le second point d’orgue du recueil. Le génial joueur d’échec, amateur des polémiques bien nauséabondes, y connaît une angoisse existentielle terrifiante, doutant de sa nature humaine et craignant être l’objet de puissances occultes. Dickien, on vous a dit !
« No se puede vivir sin amar », autre nouvelle parue par email, achève le recueil sur un note légère. Sorte d’épisode de <alerte spoiler>Tintin<fin de l’alerte spoiler>, où le héros éponyme et son chien auraient été évacués, le récit met en scène un <alerte spoiler>capitaine Haddock <fin de l’alerte spoiler> poursuivi par des émules des M.I.B.

Bref, Philip K. Dick goes to Hollywood se révèle une lecture réjouissante, à mi-chemin de l’uchronie et de l’exercice ludique. Ruez-vous dessus, quitte à braquer le possesseur de l’objet.

philipkdick_hollywoodPhilip K. Dick goes to Hollywood de Léo Henry – Éditions ActuSF, collection « Les Trois Souhaits », octobre 2015

Les Solitudes de l’ours blanc

Les quatrièmes de couverture sont souvent trompeuses. Elles ouvrent un boulevard aux préjugés au lieu de titiller l’intérêt du lecteur potentiel, quand elles ne douchent pas son enthousiasme. Celle des Solitudes de l’ours blanc ne dépare pas. On s’attend à découvrir un thriller comme tant d’autres. Une énième histoire criminelle reprenant les poncifs de la vengeance. Le chassé-croisé meurtrier entre le tueur et sa victime. Une mortelle randonnée jalonnée de morceaux de bravoure et de cliffhangers. Eh bien, raté ! Si le roman débute par une scène d’exécution, pour le reste, les choses paraissent moins attendues. Thierry Di Rollo se focalise sur un tout autre sujet, nous immergeant dans la psyché de deux individus solitaires hantés par un néant absolu. Deux ours blancs, l’un de sexe mâle et l’autre féminin. Marc est un tueur. La vie n’a pas de signification à ses yeux, elle a juste un prix. Le prix fixé par ses commanditaires pour éliminer un adversaire ou quelqu’un susceptible de trop parler. Mais Marc a peur. Peur de tomber le masque. Peur que l’on devine qui il est réellement. Jenny n’a qu’un seul homme dans sa vie. Un petit bout d’homme dont les attentions réveillent en elle la mère qu’elle ne peut être. Les autres hommes, elle s’en sert avant de les jeter. Car Jenny n’est pas comme tout le monde. Elle a un but. Débusquer le salaud qui a tué sa mère. Apprendre de la bouche de cette ordure ses dernières paroles. Alors seulement, elle pourra trouver la paix.

S’il se conforme aux codes du roman noir, Les Solitudes de l’ours blanc se frotte aussi de façon presque subliminale au fantastique. Rien de trop flagrant. Du moins, rien de nature à remettre en question le pacte de lecture établi avec la scène d’ouverture. Loin d’appliquer les mêmes recettes ou de ressasser la même noirceur, tonalité à laquelle on le réduit trop souvent, Thierry Di Rollo étoffe ici sa palette avec de nouvelles émotions. Les Solitudes de l’ours blanc est porté par un superbe personnage féminin. A l’instar de l’héroïne de la chanson des Beatles, Jenny Eleanor Erin semble marquée par un destin funeste. Le passé la hante et obère son avenir. Il la condamne à la solitude et à un présent sans affect où la vengeance apparaît comme la seule thérapie viable. Un gouffre noir, insondable, menaçant de l’engloutir. A moins que les dernières paroles de sa mère ne lui offrent l’opportunité de faire son deuil du passé. De laisser émerger sa véritable identité. Pour cela, il lui faut retrouver son meurtrier, seul témoin de ses derniers mots.

Comme à son habitude, l’écriture de Thierry Di Rollo fait merveille. Sa faculté à traiter une information avec parcimonie, à en faire émerger le sens de manière progressive, impose le respect. Son style très visuel, pour ne pas dire cinématographique — on pense à David Fincher — impressionne par sa maîtrise et son naturel. Sur ce point, la narration à rebours du chapitre sept est un modèle du genre. Son art de l’ellipse, ni trop appuyé, ni relâché, se conjugue avec bonheur au pouvoir d’évocation de ses descriptions, conférant à ce court roman une densité émotionnelle fascinante.

A l’instar de l’ours blanc, Thierry Di Rollo se sert du noir pour capter un peu de chaleur humaine. Une chaleur chiche, mais généreuse pour qui sait la mettre à profit. Bref, on ne saurait trop recommander la lecture de ce roman dont l’histoire vous suit longtemps, une fois la dernière page tournée.

Solitude_oursLes Solitudes de l’ours blanc de Thierry Di Rollo – Éditions ActuSF, collection « Les Trois Souhaits », 2013

Major Tom en route vers ailleurs

A peine entamée, 2016 s’annonce déjà merdique. David Bowie vient de mourir, deux jours après la parution de , son nouvel album.

Vogue vers d’autres cieux Major Tom. Nous, on reste pour écouter un peu de musique.

bowie_on_tourHeroes album cover shoot, 1977, photograph by Masayoshi Sukita. © Sukita, courtesy the David Bowie Archive

Les Fils de l’Homme

Film critiqué par les tenants du développement du râble, car trop radical dans sa vision de l’avenir, Les Fils de l’Homme fait partie des œuvres dont le propos semble rattrapé par la réalité. D’aucuns reprocheront à Alfonso Cuarón son regard nihiliste sur le futur, la trop grande noirceur de son univers, nous renvoyant en pleine face la multitude des maux de notre civilisation. Pourtant, indépendamment de sa virtuosité formelle, je reste fasciné par la pertinence de ce film et par son traitement réaliste. A vrai dire, plus le temps passe et plus je lui découvre des qualités.

fils-de-l-homme-2006-24-g2Adapté du roman éponyme de P.D. James (il faudra que je le lise un jour), Les Fils de l’Homme prend place dans un avenir ravagé par divers fléaux et où les femmes sont devenues infertiles. Ancien activiste, Théo a raccroché les armes après la mort de son fils, emporté par la pandémie de grippe de 2008. Il a ainsi décidé de tout lâcher, abandonnant la civilisation à sa course folle vers la catastrophe. Spectateur désabusé de la fin du monde, il végète dans un bureau, noyant son chagrin dans l’alcool et rejoignant, lorsque le besoin s’en fait sentir, son vieil ami Jasper, dessinateur de presse à la retraite qui vit à la campagne avec sa femme catatonique. Au retour d’une excursion chez Jasper, il est enlevé par son ex-femme Julian qui dirige le groupuscule des Poissons. Elle lui demande d’obtenir auprès de son cousin, un ministre du gouvernement, un sauf conduit vers la côte afin d’exfiltrer Kee, une jeune réfugiée africaine. Théo accepte et l’accompagne. Mais sur le chemin, ils tombent dans une embuscade, prélude à un périple hasardeux placé sous le sceau de la violence.

Certains films sont dans l’air du temps, d’autres font office de véritables lanceurs d’alerte. Les Fils de l’Homme cumule les deux caractéristiques, offrant une chambre d’échos à des peurs et des maux contemporains. Usant du registre de la dystopie, le film d’Alfonso Cuarón donne en effet une image très pessimiste de l’avenir, aggravant les effets des problèmes actuels et remettant en mémoire quelques faits tragiques du passé. Par son traitement très réaliste, le futur des Fils de l’Homme s’apparente à un documentaire ou à un reportage de guerre. La qualité de la photographie, la composition des décors, les couleurs froides, le découpage des plans, tout concourt à donner l’illusion de la réalité. Le film n’en demeure pas moins une fiction, brassant quelques uns des thèmes qui font débat et agitent nos sociétés en apparence policée. Paupérisation, ghettoïsation, terrorisme, pandémies, catastrophes climatiques, infantilisation de l’opinion via les médias, scandales alimentaires, évolution autoritaire de la démocratie et immigration massive, le film dresse le portrait convaincant d’un futur en proie au chaos. Seule la question de l’infertilité féminine m’a laissé quelque peu dubitatif. Certes, les effets des perturbateurs endocriniens sont avérés, mais j’avoue qu’en limiter l’action sur les femmes ne m’a pas convaincu. A posteriori, je me demande cependant s’il ne faut pas voir dans cet argument scénaristique, comme une sorte de métaphore d’une humanité qui ne croit plus en l’avenir.

fils-de-l-homme-2006-24-gD’aucuns pourraient reprocher à Cuarón de forcer le trait et de faire dans la caricature. Sauf qu’à la lumière de l’actualité, certaines des propositions du réalisateur prennent une drôle de résonance, un peu comme si les faits étaient en train de se conformer au scénario imaginaire. D’un côté, cela démontre l’acuité de la vision des scénaristes et du réalisateur. Mais d’un autre, le constat met également en évidence l’incapacité de l’humanité à infléchir le cap, même arrivée au bord du gouffre. Quant au dénouement, quoi que l’on en dise, je le trouve juste parfait. Alfonso Cuarón propose une fin ouverte, laissant ainsi libre cours à toutes les interprétations. Les optimismes y verront la possibilité d’un nouveau départ offert à l’Humanité par l’intermédiaire d’une réfugiée africaine. Une sorte de rédemption. Une jolie remise en cause du paradigme dominant et un rappel du foyer originel de l’humanité. Les pessimistes y percevront un désespoir absolu. Maintenant, choisis ton camp, camarade…

fils-de-l-homme-2006-24-g3Les Fils de l’Homme (Children of Men, 2006) de Alfonso Cuarón

Légion

Stephen Leeds n’appartient pas au commun des mortels. Le bonhomme a développé des talents intellectuels qui le placent d’emblée dans la catégorie des génies. Hélas, il n’exerce son don qu’au prix d’une fragmentation de son esprit. En effet, Stephen a pris l’habitude de créer des projections de lui-même. Des hallucinations incarnant différents aspects de ses capacités et avec lesquelles il dialogue pour résoudre les problèmes qu’on lui confie. D’aucuns pourraient le considérer comme fou et le fuir. D’autres préfèrent l’observer comme une curiosité, voire un sujet d’étude, somme toute le bon client pour un article.
Stephen a appris à vivre avec sa particularité, peut-être même plus naturellement que ses congénères dits normaux. Installé dans un vaste manoir qu’il partage avec ses multiples aspects, il attend le chaland, repoussant les fâcheux venus là pour satisfaire leur voyeurisme. Et voilà justement qu’on lui confie une affaire : retrouver un scientifique disparu avec son invention. Un appareil prenant des photos du passé. De quoi révolutionner bien des idées reçues et faire chanter les décideurs.

Le cœur de la SF bat au rythme de la nouvelle, voire de la novella. Je l’ai dit et redit sur ce blog déserté de tous à l’exception des habituels trois pelés et un tondu. Quelques-uns des chefs-d’œuvre du genre relèvent de ce format. Aussi, en entamant la lecture de Légion, je nourrissais quelque espoir, surtout que la quatrième de couverture promettait monts et merveilles. Bon, c’est raté. La novella de Brandon Sanderson est certes sympathique, mais au final assez frustrante.
Pourtant, l’histoire recelait une idée géniale : la faculté du personnage à démultiplier son esprit. Elle augurait du meilleur en ouvrant les perspectives sur la notion de normalité. Malheureusement, celle-ci est évoquée de façon un peu fugitive, presque anodine, au détour d’un dialogue. Brandon Sanderson évacue le sujet, se contentant de s’amuser des interactions entre les diverses hallucinations de Stephen. Emprunté au thriller, l’intrigue ne brille pas pour son originalité. Elle affiche même un air de déjà vu, l’invention disparue rappelant un peu la camver de A. C. Clarke et Stephen Baxter. Si l’on ajoute que le texte appelle une suite, parue depuis sous le titre de Legion : Skin Deep (Légion : À fleur de peau, à paraître en janvier 2016 dans nos contrées), vous comprendrez que l’on peut être insatisfait, voire agacé.

Bref, la novella de Sanderson ne dépare pas dans la multitude des textes légers vite lus, vite oubliés. Ils sont même légion…

LégionLégion (Legion, 2012) de Brandon Sanderson – Édition Le livre de poche, 2014 (novella traduite de l’anglais [États-Unis] par Mélanie Fazi)

Mortimer

2016 étant arrivée comme un cheveux dans le potage pékinois, me voilà fort marri car je n’ai pas livré mon Pratchett mensuel. Baste, entamons la nouvelle année avec une chronique du quatrième volume des « Annales du Disque-monde » en guise de bonne résolution.

La Huitième fille m’avait laissé un tantinet sur ma faim, heureusement me voici réconcilié avec sir Terry Pratchett. Mortimer se révèle en effet à tous points de vue réjouissant. Indépendamment du fait que l’on continue à explorer le Disque-monde, ici les guerres picrocholines des royaume de la plaine de Sto et le cottage douillet de LA MORT, on renoue surtout avec l’humour grinçant et le nonsense de l’auteur britannique.

Mortimer s’attache à mettre en scène l’un des personnages récurrents du cycle, jusque-là resté dans l’ombre, et pour cause vue le caractère ingrat de sa besogne. Vous l’aurez deviné, il s’agit de LA MORT. Le bonhomme (LA MORT est de sexe masculin) s’échine en effet à moissonner les défunts à l’issue du temps imparti à leur existence. Tombeau de tous les espoirs, réalité ultime, assassin devant qui aucune serrure ne résiste, LA MORT fait passer les âmes dans l’autre monde sans manifester aucune émotion (les émotions, c’est une histoire de glandes) ni éprouver de sentiment d’injustice. IL N’Y A PAS DE JUSTICE. RIEN QUE MOI.
Reclus hors du temps, il tient le compte des grains de vie s’écoulant dans les sabliers, n’intervenant en cartilages et en os que pour rappeler à la mort les mages, sorcières et autres sommités du Disque-monde.

Mais l’éternité, c’est long. Surtout à la fin, disait Isaac Asimov (ou Woody Allen, voire Franz Kafka, on se bouscule au portillon pour revendiquer ce trait d’esprit). LA MORT s’ennuie. Ferme. Elle aimerait faire l’expérience de la vie, s’amuser, goûter aux plaisirs de l’existence, de la bonne chère. Bref, disposer de loisirs, faire une pause dans sa besogne d’exécuteur des basses œuvres du Destin.
Pour satisfaire à ce besoin, il embauche un apprenti à la foire de Montmouton afin de lui confier l’ordre naturel du monde et prendre des vacances bien méritées. Son choix se porte sur un jeune homme empoté, naïf, rêveur et maladroit. Mortimer, Morty pour les intimes, devient ainsi le second de LA MORT. Une tâche difficile et pourtant nécessaire car il en va de la survie du monde et de la réalité. Il ne faudrait pas qu’une banale histoire d’amour, un béguin puéril ne vienne le distraire, accouchant d’une Histoire alternative fâcheuse. La réalité est têtue. Gare aux conséquences…

Avec Mortimer, Terry Pratchett trouve enfin la bonne recette. Le récit abonde en trouvailles, en bons mots et situations amusantes, tout en restant cohérent de bout en bout. On a moins l’impression de lire une succession de scénettes et davantage un récit vif, porté par de véritables personnages, pourvus de deux jambes, deux bras, une tête, et surtout une psychologie. Bien entendu, on reste dans le registre de la comédie, même si le sujet porte au drame. Sur ce point, Terry Pratchett affiche d’ailleurs un art de la satire jubilatoire. Dans sa quête, LA MORT se fait le reflet de l’humanité, dans toute son absurdité, avec un sens du ridicule qui, comme tout le monde le sait, ne tue pas.
LA MORT et surtout Morty forment un duo mémorable, mis en valeur par une galerie de personnages secondaires bien troussés. De Ysabell, la fille adoptive de LA MORT condamnée pour l’éternité à avoir seize ans (l’âge ingrat, par excellence), à Albert (aka Alberto Malik, le fondateur de l’Université invisible), domestique fidèle de la MAISON, en passant par Igné Coupefin, mage de seconde zone très porté sur la nourriture, les divers protagonistes ne manquent pas d’originalité et de charisme.

Bref, avec Mortimer je retrouve paradoxalement le moral. Rendez-vous avec Sourcellerie, le cinquième volume des « Annales du Disque-monde ». Bientôt.

mortimerMortimer – « Les Annales du Disque-monde » (Mort, 1987) de Terry Pratchett – Éditions L’Atalante, 1994 (roman traduit de l’anglais par Patrick Couton)