L’Anneau-Monde

Parfois, on devrait se fier à son intuition, à la petite voix qui vous susurre dans un coin de votre caboche que vous avez fait le mauvais choix en saisissant ce bouquin sur une pile à lire. On devrait entendre qu’il mérite de continuer à prendre la poussière et tant pis si c’est un classique, un ouvrage fréquemment cité par les éminences, de surcroît primé (un Hugo, excusez du peu). Tant pis s’il échappe à votre culture livresque. Hélas, l’oisiveté estivale et la curiosité sont mauvaises conseillères, on le sait évidemment, même si l’on continue à céder à leurs injonctions répétées.

Donc, L’Anneau-Monde de Larry Niven.

Ce roman fait partie des récits ayant popularisé le thème du Big Dumb Object. À l’instar de Rendez-vous avec Rama de Arthur C. Clarke, L’Anneau-Monde met ainsi en scène un artefact de taille colossale, un anneau englobant un soleil dont la superficie gigantesque est en mesure de résoudre la question de la surpopulation dans plusieurs mondes. Pour examiner la chose, les Cavaliers, une espèce extraterrestre manipulatrice, s’adresse à un Kzin, sorte de félin agressif et tatillon sur l’honneur, et à un couple d’humains pour composer une équipe d’explorateurs téméraires. L’affaire est d’autant plus délicate et périlleuse que les Cavaliers ne leur ont pas tout dit. Un tel scénario ne pouvait que réjouir l’amateur de sense of wonder. Il faut malheureusement convenir que c’est raté.

Space opera et Hard SF font pourtant bon ménage dans ce roman au ton léger, pour ne pas dire primesautier, où l’auteur ne semble pas se départir d’une sorte d’humour décalé. Mais, l’humour est un ressort délicat à manier et Larry Niven est un gros lourd en cette matière. Ses saillies tombent à plat, ne suscitant qu’accablement, voire un agacement croissant au fil de péripéties dignes d’une comédie française des années 1970.

L’Anneau-Monde est de surcroît un véritable remède contre le sense of wonder. l’histoire est écrite (traduite ?) au fer à repasser, rendant la lecture pénible et ennuyeuse. Le traitement des personnages, y compris extraterrestres, se vautre dans les poncifs et la caricature, et ne parlons pas de l’unique personnage féminin qui n’est finalement présent que pour faire tapisserie, ou chambre à coucher, sous couvert de libération des mœurs.

Ne tergiversons pas, L’Anneau-Monde est une vraie purge. On pouffe en se disant qu’il s’agit du premier volet d’une série comportant au moins trois autres titres, sans compter les cycles annexes… Certains lecteurs aiment se faire mal.

L’Anneau-Monde (Ringworld, 1970) – Larry Niven – Réédition Mnémos, 2005 (roman traduit de l’anglais [États-Unis] par Fabrice Lamidey, révision par Patrick Mallet)

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