J’ai 10 ans.

Une décennie, c’est déjà mieux qu’un lustre me disait un pote qui n’est pas une lumière, j’en conviens. Aussi, avant que ce blog ne devienne vicennal, sacrifions aux vicissitudes des remerciements.

Pour commencer, je remercie mes parents, jeune couple qui aura connu l’émerveillement de mai 1968 avant de plonger dans la train-train conjugal, routine qui aboutira à ma naissance. Je leur dois tout : quelques gamètes et surtout une éducation ayant fait de moi un adulte fringuant, le poil long et la langue bien pendue. Merci beaucoup !

Merci aussi à l’éducation nationale qui m’a donné les rudiments pour lire, écrire, compter, raisonner et échapper ainsi aux faiseurs qui composent l’ordinaire de la société. Accessoirement, l’Institution est devenue mon employeur. A l’époque, avant que le choc d’attractivité et la culture de la performance ne l’euthanasient, on appelait cela la vocation. Merci beaucoup !

Merci également au Cafard cosmique, ce repaire de connards élitistes qui, à l’aube du web 2.0, m’a pour ainsi dire poussé vers la catharsis livresque, me confortant dans l’écriture de chroniques, pratique guère raisonnable, mais beaucoup plus que de participer à une méditation organisée par le gourou Bernard Werber. Merci beaucoup à eux !

Merci enfin aux très nombreux soutiens de ce blog dont les commentaires et les likes enfiévrés contribuent à animer la bande passante, réactivant à chaque mise en ligne d’un nouvel article la célèbre maxime de Didier Descartes : je follow donc je suis. C’est à eux que je laisse la parole.

En attendant, plongeons dans les entrailles de ce blog pour y repêcher quelques vieilleries de l’année 2016-2017 (cliquez sur les titres dans les imagettes). La retraite est loin Callaghan ! Comme l’horizon, elle recule au fur et à mesure que tu avances en âge. C’est la magie du capitalisme.

2023 : jusqu’ici, tout va bien.

Après une année 2020 ayant tenu toutes ses promesses moisies, un an 2021 fertile en coups bas et une année 2022 guère surprenante en matière de déconvenues, nul doute que 2023 ne sera pas avare en lendemains qui déchantent. Le changement dans la continuité, comme disait l’autre. Fort heureusement, n’ayant peur de rien, surtout pas du ridicule, cette valeur éminemment disruptive, le blog yossarian succombe à la tradition et vous radiographie ses meilleurs vœux. Os court !

Bilan 2022 pour images qui bougent encore

Pour terminer 2022, voici de quoi agrémenter l’écran noir des nuits blanches à venir, sous la couette avec une bouillotte ou deux. La programmation du cinéma du coin étant faiblarde, à moins d’apprécier les comédies françaises, les blockbusters superhéroïques, les films d’animation neuneus ou la rediffusion en 4D de La Grande vadrouille, il faudra se contenter de la portion congrue pour le grand écran. Mais, le petit écran pallie le manque, avec un certain panache. Tout est foutu !

En attendant, déconstruisez la famille et le rêve américain avec Ozark, traquez le serial killer et le patriarcat du côté de Belfast avec Gillian Anderson, côtoyez la banalité du mal avec Andor, Scrutez les angles morts de la moralité et de la rédemption avec Giri/Hadji ou dites-vous avec Kleo que l’Est ou l’Ouest, quelle pagaille camarade ! Embarquez aussi dans un trip hallucinant avec The Northman et tuez le temps qui passe avec Onoda. Personne n’en sortira indemne. Tant mieux !

Playlist pour finir en beauté

Après les livres et toujours dans une perspective de sobriété, voici de quoi réchauffer l’atmosphère des foyers soumis aux restrictions bananières. Avec du gros son (Wilderness of mirrors des Black Angels), du vieux son (Doggerel des inoxydables Pixies), du son de la Frontière (El Mirador de Calexico), du son glacé et sophistiqué (A Light for Attracting Attention de The Smile), et le son léger et acidulé de Wet Leg. Un bilan sonore compensé carbone pour 2022. Allez, twist again à Moscou !

Noël 2022 au balcon

La sobriété étant de mise, comme les cols roulés et les (éventuelles) (peut-être) (ne nous affolons pas) coupures électriques, le blog yossarian propose une sélection disruptive et allégée, en forme de bilan pour l’année écoulée, histoire de ne pas manquer de papier pour amorcer le feu dans la cheminée en cas de panne de chauffage.

Et comme la science fiction aime inventer, spéculer, dépeindre des lendemains qui chantent, faire vivre des utopies désirables, tirer la queue du malin pour voir s’il a de grandes dents, voici de quoi pourvoir à l’optimisme, à la joie, au bonheur et au pouvoir d’achat, car un autre monde est possible (éventuellement) (peut-être) (ne nous affolons pas). De toute façon, on s’en fout. Nous serons tous bientôt morts, hein ?

Longue vie et prospérité, comme disait l’autre. (cliquez sur les vignettes)

10 autrices incontournables en polar

Initiée par le blog Fondu au noir, cette liste est une déclinaison de celle de Nevertwhere, en l’adaptant à l’univers du roman noir et du polar. Comme on est joueur sur le blog yossarian, surtout l’été, période propice à l’oisiveté, on est allé chercher quelques noms, histoire de montrer qu’on n’est pas en reste quand il faut étaler sa culture. Eh bien, après avoir épuisé sa mémoire et après avoir fouillé dans les archives de ce blog, force est de reconnaître qu’on est un peu misérable en la matière. Force est de confesser également qu’il va me falloir combler ses lacunes.

Commençons avec quelques autrices figurant sur ce blog. En vrac, est sans aucune préférence, bien entendu.

Et, comme je suis déjà à sec, je puisse dans mes souvenirs, à une époque où je ne chroniquais pas, pour tenter de compléter cette liste.

  • Aussi connue pour sa contribution fantasque au cinéma français, Evane Hanska a participé à la série « Le Poulpe » avec Le Bal des dégoûtantes, mais je me souviens aussi du terrible Une Hirondelle dans le beffroi. J’ai découvert qu’elle était morte récemment. Quelle tristesse !
  • Moins rigolo mais pas moins recommandable, Stéphanie Benson me semble incontournable, par exemple pour Si sombre Liverpool. Mais, l’œuvre de la dame ne manque pas d’autres titres intéressants.
  • Parmi les vieilles dames anglaises, je retiens Ellis Peters pour les aventures du frère Cadfael, l’herboriste enquêteur vivant à l’époque troublée de la guerre civile entre Étienne de Blois et Mathilde l’impératrice.
  • Enfin, n’oublions pas Maj Sjöwall pour sa contribution avec Per Wahlöö à la série « Le roman d’un crime » mettant en scène Martin Beck, enquêteur de la brigade criminelle de Stockholm.

Et voilà, contrat rempli. Dix noms et beaucoup de lacunes.

Autrices incontournables en SFFF

L’été étant une période propice aux listes, je n’ai pas résisté longtemps à la proposition de la blogueuse Nevertwhere d’établir une recension des autrices me paraissant incontournables. Bien entendu, l’incontournable se réduit ici à mon appréciation personnelle. Pas sûr de faire l’unanimité, mais à vrai dire on s’en fiche, l’essentiel étant de donner envie de découvrir l’œuvre de quelques dames de la SFFF. Bref, tout ceci est à examiner ci-dessous, une fois admiré le très joli logo réalisé par Anne-Laure du blog Chut Maman lit.

Comme indiqué par de nombreux lecteurs, Ursula Le Guin est un peu l’arbre cachant la forêt. On ne passera cependant pas outre cette autrice que l’on apprécie particulièrement sur ce blog. Histoire de se distinguer, on suggérera l’ultime roman de la dame, une variation féminine et féministe sur le personnage de Lavinia, laissée un peu hors-champs par Virgile lors de l’écriture de l’Enéide. Je laisse aux éventuels curieux le loisir de parcourir ce blog où ils trouveront de nombreuses autres suggestions de lecture.

Histoire de ne pas déchoir dans l’esprit des curieux, je les invite à poursuivre cette liste avec Nina Allan, autrice dont j’apprécie particulièrement la plume, l’étrangeté et l’exigence, par exemple avec La Course, fiction spéculative diablement envoûtante.

Pour varier les plaisirs, faisons un petit tour du côté des classiques et du fantastique avec Shirley Jackson dont l’œuvre a bénéficié récemment d’un regain d’intérêt éditorial, notamment avec la réédition de La Loterie & autres contes noirs. C’est le moins que l’on puisse faire pour l’une des inspiratrice du thriller moderne.

Une liste sans autrice francophone serait franchement décevante, d’autant plus qu’il y a matière du côté de Catherine Dufour. Parmi les titres chroniqués ici-bas, je conseille de jeter un œil sur Au Bal des absents et son humour noir salutaire.

Continuons avec Claire Duvivier, bien connue des lecteurs des publications des éditions Asphalte, la jeune femme s’est découverte autrice avec Un long voyage, roman aux frontières floues, oscillant entre SF et Fantasy. Un coup d’essai pas loin du coup de maître.

Avec un titre faisant allusion à la réplique du célèbre réplicant Roy Batty, Des Larmes sous la pluie a introduit Rosa Montero dans la SF. Premier volet d’une trilogie centrée autour du personnage de Bruna Husky, le présent livre apporte une touche espagnole à cette liste.

Jetons maintenant un œil du côté de l’uchronie avec Le Livre de Cendres, épopée para-historique pleine de bruit, de fureur et de physique quantique de Mary Gentle, et ne craignons pas de faire exploser le quota avec une tétralogie. On ne m’en voudra pas, j’espère.

Un peu borderline, Elizabeth Hand a toute mon attention depuis la traduction de L’Ensorceleuse. Hélas, le succès ne semble pas au rendez-vous, comme en témoigne ce Images fantômes bien esseulé dans nos contrées. Dommage, l’œuvre de la dame recèle pourtant quelques autres pépites. Contentons-nous donc des rares romans traduits disponibles sur le marché de l’occasion.

Vandana Singh n’a pas eu de chance dans l’Hexagone où le recueil Infinités n’a manifestement pas rencontré le succès escompté, du moins pour permettre d’autres traductions. En tout cas, ce titre permet d’introduire un peu d’Asie dans cette liste.

Pour terminer, je ne saurais trop recommander la lecture de TysT de Luvan, dont la parution est programmée en décembre 2022 après un financement participatif réussi. L’objet s’annonce somptueux, il serait dommage de passer à côté.

Objectif rempli donc avec ces dix titres et dix autrices de SFFF. Evidemment, il en manque beaucoup et je ne suis pas certain d’aboutir au même résultat d’ici une semaine. Il en va ainsi des listes : elles varient selon l’humeur du moment et suscitent le déchirement.

Quoi de neuf, docteur ?

On a jamais que l’âge de ses artères. Alors, debout les damnés de l’artère ! Debout les forçats de la blogosphère. La neuvième année est arrivée ! Cela fait en effet neuf ans que j’anime le blog yossarian, du moins dans sa déclinaison présente. Un esprit indécrottablement juvénile continue à agiter ma carcasse de cinquantenaire, motivant le présent article anniversaire. Côté statistiques, on se contentera du chiffre des nouvelles entrées. 99 articles au compteur depuis le précédent bilan. 12 de plus qu’en 2021. Belle progression ! De quoi enthousiasmer les followers égarés et autres drogués du like.

Mais, le temps passe, inexorable. A peine sorti de la pandémie, la guerre pointe le bout de son ogive pas vraiment gothique. Les élections présidentielles rejouent un quinquennat sans fin pendant que la cocotte planétaire nous mitonne un avenir enchanteur, à l’ombre du marché roi. Fort heureusement, la machine à remonter dans le passé est branchée. De quoi proposer une sélection de l’année 2015-2016. Oups ! Tout cela ne nous rajeunit pas. Rendez-vous en 2023. Ou pas.

C’est la lutte finale… des achats de Noël

Fin d’année oblige, et liste de cours… cadeaux à compléter, sacrifions au traditionnel exercice des recommandations amicales. Noël ! Noël ! Une tradition aussi solide que la trêve des confiseurs. Et, ce ne sont pas les marchands de canons qui me contrediront.

Donc, pour les étourdis, les derviches des têtes de gondole, les procrastinateurs invétérés, les petits bras à l’esprit étriqué en quête du Saint Graal de l’étrenne, les aventuriers du goodie introuvable, bref pour tous ceux qui traînent les pieds face à la perspective de faire plaisir au petit Ryan, mais ne lésinent pas lorsqu’il s’agit de lui faire une vacherie emballée avec soin, voici les recommandations avisées du blog yossarian. Visez-moi la sélection, hein ?

Commençons par l’inattendu. Les agents de Dreamland est un court texte déroutant et malin. De quoi surprendre l’éventuel curieux qui se laisserait prendre dans les rets de Caitlín R. Kiernan.

Une sélection sans Gnomon serait une faute de goût impardonnable tant le roman de Nick Harkaway met à rude épreuve la zone de confort du lecteur. Mais, pour qui sait persévérer, les promesses sont amplement tenues.

Vivonne réactive avec poésie les gènes de l’utopie. Roman porté par un souffle vital et un amour de la langue incontestable, il réconcilie le quidam avec la recette du bonheur, à la condition de lâcher prise, de se fondre dans la Douceur et la beauté des émotions qu’elle suscite. Jusqu’à la dissolution. Incontestablement, voici le grand œuvre de Jérôme Leroy.

Un peu d’images qui ne bougent pas maintenant, avec le dernier opus de « Les contes de la Pieuvre », roman feuilleton dessiné par Gess. Que dire ? Célestin et le Coeur de Vendrezanne poursuit et renouvelle avec bonheur cette geste superhéroïque bien de chez nous. Voici une alternative classieuse aux comics.

On pensait l’avoir perdu de vue, mais il a la peau dure. Voici de retour de Sean Duffy, flic désabusé mais tenace. Et, ne craignons pas d’affirmer qu’il nous manquait. Regard sans concession sur l’Irlande du Nord et les troubles qui ont ensanglanté sa terre si froide, Ne me cherche pas demain réanime l’enthousiasme allumé sur ce blog par Adrian McKinty.

Réédition salutaire du collectif Luther Blissett avant que celui-ci n’opte pour le pseudonyme Wu Ming, Q est un passionnant roman d’aventures, politique dans la meilleure acception du terme, mettant en lumière une période charnière de l’histoire européenne. Illustration de l’affrontement éternel du pot de fer et du pot de terre, il fait écho aux luttes passées et futures qui agitent toujours les consciences. Espérons que cette réédition rencontre le succès et permette la traduction des autres romans du Wu Ming. (on est déjà exaucé avec la publication en février 2022 de Proletkult).

Le Greg Egan nouveau est finalement du Greg Egan ancien. On ne s’en plaindra pas tant A dos de Crocodile titille le sense of wonder. L’auteur propose en effet ici une immersion aux dimensions cosmiques dans un futur bigger than life. Alors, ne soyons pas trop difficile.

Comment dit-on déjà ? Oldies but goldies. Au Carrefour des étoiles n’usurpe pas sa réputation de classique de la SF et Clifford D. Simak celle de chantre de l’Amérique provinciale et tranquille. Remercions encore Pierre-Paul Durastanti pour son travail et remémorons-nous cette collision paisible entre les mondes.

On approche de la fin. Une année sans Tardi n’est pas une bonne année. Avec Elise et les nouveaux partisans, il joint son talent aux mots de Dominique Grange, restituant une période révolue, paraissant incroyable aux yeux du contemporain de l’année 2021, un présent où la fraternité et l’égalité sont considérées comme les variables d’ajustement d’un discours réactionnaire. Remercions les de nous rafraîchir la mémoire et de nous rappeler dans quel camp se trouve la vie.

Terminons enfin avec la bonne surprise de l’année 2021, deux novellas parues de manière confidentielle sous le parrainage des Moutons électriques. Monstrueuse Féerie et Angélus des ogres flirtent avec la poésie en prose, tentant de mettre des mots sur les maux provoqués par la folie. Mais, on est toujours le fou de quelqu’un d’autre dans un monde en perte de repères.

BONUS TRACK : J’ai tué le soleil de Winshluss. Idéal pour débuter la nouvelle année sous des auspices festives.