Le Nexus du Docteur Erdmann

Saint Sebastian accueille des personnes âgées en fin de vie, comme on dit pudiquement. L’établissement propose des appartements privatifs à ses pensionnaires, soulageant ceux-ci des soucis de l’ordinaire et du fardeau de la solitude. Et lorsque leur santé se dégrade, une chambre les attend au dernier étage, celui des soins palliatifs.
Les lieux hébergent quelques personnalités à la vie bien remplie et au tempérament entier, comme la très curieuse et bavarde Evelyn Krenchnoted ou encore l’ex-danseuse de ballet Anna Chernov, voire Erin Bass, une hippie aux chakras toujours bien ouverts. Bref, une foule d’octogénaires et de nonagénaires dont les manies mobilisent toute l’attention du personnel soignant.
Carrie s’occupe ainsi de Henry Erdmann, physicien et ancien membre de l’équipe ayant conçu la bombe H. Par empathie, elle s’est prise d’affection pour le vieux monsieur jusqu’à le considérer comme un grand-père par procuration. Lui-même s’est attaché à son aide-soignante, lui confiant les étranges malaises dont il a été victime récemment. D’ailleurs, il ne semble pas le seul à être touché. D’autres pensionnaires semblent touchés par les mêmes maux. En bon scientifique, le Docteur Erdmann décide de collecter les données dans son entourage, échafaudant peu à peu une théorie dont les développements finissent par l’inquiéter. L’allongement de l’espérance de vie aboutirait-elle  à la naissance d’une conscience collective, faisant masse critique au point de modifier la réalité ?

Le Nexus du Docteur Erdmann ne sera par le livre qui me réconciliera avec Nancy Kress. Certes, l’histoire est sans doute la moins mauvaise que j’ai pu lire de l’auteure. Mais, elle est loin de susciter mon enthousiasme.
Si on retrouve toutes ses marottes et son approche de la science-fiction par l’humain,  l’aspect science-fictif reste hélas périphérique, pour ne pas dire anecdotique, la transcendance et les états quantiques de la conscience étant remisés à la marge pour laisser place à une histoire centrée sur les manies et caprices de la population vieillissante d’une maison de retraite. Quant à l’approche humaine, elle souffre d’un traitement banal, pour ne pas dire terne, où l’émotion confine à la nunucherie, sans l’excuse de l’empathie.

Après l’impressionnant Dragon, je ressors donc un tantinet déçu par cette courte histoire, certes sympathique, mais dont l’ambition mesurée ne m’a pas convaincu. Tant pis !

Autre critique ici.

Nexus_ErdmannLe Nexus du Docteur Erdmann (The Erdmann Nexus, 2008) de Nancy Kress – Éditions du Bélial’, collection « Une Heure-Lumière », janvier 2016 (novella traduite de l’anglais [États-Unis] par Erwann Perchoc & Alise Ponsero)

2 réflexions au sujet de « Le Nexus du Docteur Erdmann »

  1. Ah, je trouve que tu as la dent dure, pour le coup.
    Pas le texte de l’année, certes, mais je trouve l’idée originale et il s’en dégage une jolie atmosphère (naïve, à mon sens, sans le côté nunuche que tu lui reproches…)

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